La fibre de la mission

Ce retour d’expérience (volontairement simplifié) illustre à mon sens l'importance du triptyque responsable-mission-moyens lors de la conception des organisations et des contrats afférents.

L'autre jour je passe chez un client, que nous appellerons B. Nous avions travaillé ensemble à la préparation d'un marché de prestation de transmission par fibre optique, ce qui est sa spécialité technique. Il devait bientôt répondre à un nouveau marché similaire, et cela ne devait pas poser de difficultés grâce à l’expérience acquise.

Son client, A, lui présentait la fibre en question constituant une boucle alimentant divers équipements, comme la 1ère fois.

Une entreprise C exploitait les données transmises et avait cette fois-ci  une option pour une prestation de transmission sur une partie de la boucle.  Les pénalités du marché envisagé ( en tout cas sur l’autre partie de la boucle, à confier à B) couvraient les cas d'interruption du service de transmission : B était pénalisé pour une interruption sur sa partie de la boucle, mais pas pour une interruption sur celle de C

Or, une rupture de transmission se produit lorsque 2 incidents isolent une partie de la boucle. B était préoccupé du cas ou un incident se produirait sur son secteur et l'autre sur le secteur de C. Ce cas n'avait pas été évoqué dans les échanges avec A.

Après une brève discussion, il a paru que :

• La fibre n'était pas supervisée : c'est la couche IP (Internet protocol) qui indique où se situe la coupure nécessitant une intervention

  Naturellement, l'entreprise C disposait de cette couche de supervision en raison de sa mission première.

• Selon l’analyse de B, la probabilité de rupture du service de transmission était négligeable si le temps de rétablissement standard, en cours chez b, était respecté. Il doutait cependant que le même standard s'applicat chez c, il doutait que la qualité de la maintenance de c suffise à maintenir bas le taux de panne sous-tendant son analyse.

A ce stade comment s’assurer contre l’absence ou le retard de maintenance d’un incident côté C ? Fallait-il extraire les données de supervision de C  pour contrôler chaque incident, suspendre les pénalités pendant un délai minimal ? Et même, B pouvait s’attendre à devoir des pénalités qu'il aurait pu éviter s'il avait été responsable de l'ensemble de la boucle…

Je lui conseille alors de retourner voir son client avec une description des missions :

1.      X produit à partir des données transmises par la boucle optique au profit de A. Pour cela, il dispose en permanence d'une bonne transmission. par contrat il doit des pénalités en cas de défaut de production .

2.      Y Transmets en permanence les données sur la totalité de la boucle optique. Pour cela il dispose de la couche de supervision IP et d'équipe de maintenance. en cas de rupture de transmission, c'est-à-dire de double incident isolant une partie de la boucle, il verse des pénalités à Z.

3.      Z effectue la maintenance corrective pour Y. Il dispose d'équipes de maintenance le long du parcours, capables d'intervenir et de réparer sous un délai standard . En cas de dépassement de ce délai, il verse des pénalités à Y

Quelle que soit les entreprises B , C ou autres qui occupent les postes X Y et Z, et même si plusieurs entreprises se partage un poste, les missions, délégations et moyens devront être organisés selon 1, 2 et 3.

L’aire d’application de la mission 2 est par nature insécable alors qu’on comprend qu'une partition de la missions Z (une entreprise sur son secteur d’intervention) est aisée.

Comme tout principe en organisation, il est possible d’y passer outre,  de mettre en place une organisation bancale, à partir du moment où des garde-fous permettent d’assurer l’ensemble.  Pour cela, il est nécessaire d’en avoir une parfaite conscience lorsqu’on prévoit les mécanismes contractuels qui vont nous engager.